La mer

J’ai vu la mer pour la première fois à 6 ans. C’était à Wildwood, au New Jersey. Des voitures stationnées bondaient la plage et séparaient la mer des manèges et des casse-croûtes sur le boardwalk. Je marchais sur le sable dans l’odeur de friture et le bruit des mouettes en évitant les gros jellyfish, à la rencontre de l’océan Atlantique. Pendant des heures, je me suis blottie au creux des vagues sur mon petit matelas pneumatique pour me laisser traîner jusqu’au rivage. Je me relevais toute collée de sel, prête à manger mon troisième popsicle trois couleurs de la journée. 

La mer évoquait alors les vacances, la chaleur, la baignade et le soleil, jusqu’à ce que je la rencontre autrement…

J’ai redécouvert la mer une trentaine d’années plus tard. 

C’était aux Îles-de-la-Madeleine, sur la plage près du phare du Cap Alright. Voir la mer était la première chose que j’avais eu envie de faire après avoir posé mes valises. J’ai marché sur le chemin des Échouries, jusqu’au sentier improvisé où une corde permet de descendre la falaise. Je marchais sur la plage emmitouflée dans le silence et mon manteau. Je regardais le sable et l’eau salée recouvrir mes bottes d’hiver et j’étais fascinée par leur rencontre. Jamais n’aurais-je pensé que j’apprécierais la mer l’hiver. 

La mer évoque maintenant le vent qui remue l’esprit, le son apaisant des vagues et l’horizon dégagé à l’infini qui me souffle : La voie est libre.

Maintenant, l’hiver a fondu. Le vent baisse le ton devant le bleu qui s’impose dans le ciel. Bientôt, l’herbe jaune verdira, le soleil infusera la mer de sa chaleur et, pour la première fois, je me baignerai aux Îles.

Précédent
Précédent

Même les laids peuvent être bons

Suivant
Suivant

Au revoir continent